samedi 30 octobre 2010

La médecine du désir

La médecine du désir, ou la médecine de convenance, est une expression employée pour désigner un certain type de médecine. Cette expression ne prend sens que dans son opposition à une médecine dite "conventionnelle", dont la visée serait strictement thérapeutique. La médecine du désir rompt donc avec l'image traditionnelle de la médecine comme "pratique de soins". Il ne s'agit plus de pallier à des insuffisances ou à des souffrances physiques, mais bien de profiter des outils de la médecine pour assouvir les désirs les plus divers qui peuvent traverser l'esprit humain.

Ainsi la médecine du désir recouvre-t-elle les pratiques de sélection du sexe de l'enfant à naître, de chirurgie esthétique (non réparatrice), ou d'amélioration des performances humaines.

La question philosophique sous-jacente est bien celle du statut de la médecine. Son rôle est-il simplement de soigner, ou d'améliorer les conditions de vie d'individus particuliers ? La dichotomie soin/amélioration est-elle, elle-même, légitime dans la mesure où une mauvaise image de soi (mauvaises performances, corps mal vécu...) pourrait très bien être considéré comme un mal qu'il faut soigner ?

jeudi 28 octobre 2010

Jean-Pierre Changeux, des neurosciences à la personne humaine

Je n'ai encore jamais rien lu du neurobiologiste Jean-Pierre Changeux. Mais sa réputation dans le domaine des neurosciences étant énorme, je me suis précipité à sa conférence, organisée à l'Université Libre de Bruxelles par Culture d'Europe (le 15 octobre dernier).

Son propos était constitué de trois niveaux. Tantôt il se contentait de commenter des graphiques obscurs portant sur des expérimentations dont il était à l'origine. Tantôt il tentait de montrer comment les neurosciences peuvent expliquer des phénomènes sociaux comme la violence. Tantôt il débarquait sur le terrain de la philosophie (il a écrit un livre-entretien avec Paul Ricoeur) pour traiter de la nature de la personne humaine et mettre en avant l'importance de l'éducation.

Tout ceci peut sembler très intéressant mais, en fin de compte, j'étais plutôt déçu en sortant de la conférence. D'abord, les explications sur la biologie du cerveau étaient trop courtes (et assez pointues) pour apprendre quoi que ce soit sur son fonctionnement. Ensuite, je n'ai pas très bien compris l'intérêt de nous montrer, IRM à l'appui, qu'il existe des zones de la violence dans le cerveau (non, sans blague, il y a des informations dans le cerveau ?) ; et j'ai trouvé plutôt limite ses assertions sur la formation du cerveau. Pour lui, la crise d'adolescence doit être imputée au fait qu'à cet âge le développement synaptique du cerveau décroît considérablement, et il estime qu'une fois ce cap dépassé, la plasticité du cerveau devenant moindre, la personne ne pourra plus que très rarement admettre ses erreurs et changer d'avis. Enfin, ses références à la philosophie étaient fort naïves, et fort bien pensantes (l'éducation, les droits de l'homme, la responsabilité,...).

J'ai donc malheureusement trouvé de quoi encore renforcer mes idées préconçues sur les scientifiques de ce type. Physicalistes, réductionnistes, prompts à se parer des atours de la philosophie pour paraitre réfléchir. Je sais que j'y vais fort, mais j'ai toujours envie de découvrir ses livres.

mercredi 27 octobre 2010

Ouverture du blog

Bienvenue à tous sur ce tout nouveau blog !

Comme le signale son titre, "Artificialités" sera consacré aux technologies d'amélioration des capacités cognitives de l'être humain. Il sera donc question de neurosciences, d'implants neuronnaux et de médecine du désir. Mais ma formation étant avant tout celle d'un philosophe, ces sujets seront toujours abordés dans une perspective philosophique et éthique. Je mettrai en relief les implications de l'interface cerveau-machine, les différentes théories de la connaissance sous-jacentes à ces améliorations et les enjeux éthiques associés.

N'hésitez pas à me donner un coup de pouce dans mes réflexions en ajoutant vos propres commentaires sous chaque billet.

Bonne lecture !