jeudi 28 octobre 2010

Jean-Pierre Changeux, des neurosciences à la personne humaine

Je n'ai encore jamais rien lu du neurobiologiste Jean-Pierre Changeux. Mais sa réputation dans le domaine des neurosciences étant énorme, je me suis précipité à sa conférence, organisée à l'Université Libre de Bruxelles par Culture d'Europe (le 15 octobre dernier).

Son propos était constitué de trois niveaux. Tantôt il se contentait de commenter des graphiques obscurs portant sur des expérimentations dont il était à l'origine. Tantôt il tentait de montrer comment les neurosciences peuvent expliquer des phénomènes sociaux comme la violence. Tantôt il débarquait sur le terrain de la philosophie (il a écrit un livre-entretien avec Paul Ricoeur) pour traiter de la nature de la personne humaine et mettre en avant l'importance de l'éducation.

Tout ceci peut sembler très intéressant mais, en fin de compte, j'étais plutôt déçu en sortant de la conférence. D'abord, les explications sur la biologie du cerveau étaient trop courtes (et assez pointues) pour apprendre quoi que ce soit sur son fonctionnement. Ensuite, je n'ai pas très bien compris l'intérêt de nous montrer, IRM à l'appui, qu'il existe des zones de la violence dans le cerveau (non, sans blague, il y a des informations dans le cerveau ?) ; et j'ai trouvé plutôt limite ses assertions sur la formation du cerveau. Pour lui, la crise d'adolescence doit être imputée au fait qu'à cet âge le développement synaptique du cerveau décroît considérablement, et il estime qu'une fois ce cap dépassé, la plasticité du cerveau devenant moindre, la personne ne pourra plus que très rarement admettre ses erreurs et changer d'avis. Enfin, ses références à la philosophie étaient fort naïves, et fort bien pensantes (l'éducation, les droits de l'homme, la responsabilité,...).

J'ai donc malheureusement trouvé de quoi encore renforcer mes idées préconçues sur les scientifiques de ce type. Physicalistes, réductionnistes, prompts à se parer des atours de la philosophie pour paraitre réfléchir. Je sais que j'y vais fort, mais j'ai toujours envie de découvrir ses livres.

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