dimanche 28 novembre 2010

Nouvel implant rétinien

On n'arrête pas le progrès ! Récemment, je relayais une information à propos d'un implant rétinien qui permettait aux aveugles de voir de nouveau. Eh bien, il y en a qui ont fait encore mieux. Ils ont réussi à améliorer la définition de l'image perçue par cet implant. Ils doivent cet exploit non pas, comme d'habitude, à l'augmentation du nombre d'électrodes captant les images dans l'oeil, mais en améliorant la qualité du signal envoyé vers le cerveau. Mais cet implant est pour l'instant réservé à la chanceuse classe des souris.

jeudi 25 novembre 2010

OWNI et le transhumanisme

Le site d'information OWNI qui a fait parler de lui (Wikipedia), ces derniers temps, dans la presse, remet le couvert sur le transhumanisme. J'avais déjà parlé d'un premier article dans mon billet du 18 novembre.


Cette fois-ci, c'est Andréa Fradin qui s'y colle, et pond carrément deux articles : "Humain, trans-humain" et "Singularity University n'est pas une secte".

Dans le premier article, l'auteure nous présente un drôle de projet américain : la Singularity University (dite SU). Fondée mi-2007, cette association se donne pour mission d'améliorer les conditions de l'homme sur terre en éduquant une "élite" non seulement à des savoirs, mais également à la conception et à la réalisation rapide d'idées novatrices. Ce projet s'inscrit clairement dans le mouvement transhumaniste par sa volonté de créer une humanité améliorée (à titre d'exemple, Aubrey de Grey, dont le cheval de bataille est l'immortalité de l'homme, enseigne là-bas). Son fondateur n'est d'ailleurs rien d'autre que Raymond Kurzweil.

Assez sceptique, voire moqueuse dans ce premier article, Andréa Fradin change de ton dans le second. En effet, dans ce second article, l'auteure laisse largement la parole à Eugénie Rives, une française qui a suivi les formations de la SU cet été. Celle-ci minimise la relation entre le transhumanisme et la SU qu'elle définit comme un endroit où l'on réfléchit "à l’impact pratique des technologies sur des grandes problématiques : énergie, eau…" Elle y explique en outre ce qu'elle y a vécu... Assez intéressant !

lundi 22 novembre 2010

Un petit coup de jus pour la bosse des maths

Récemment, une équipe de l'université d'Oxford menée par Cohen Kadosh a annoncé avoir fait une découverte très prometteuse : un petit choc électrique dans le lobe pariétal d'un patient le rend doué pour les maths pendant six mois. C'est vraiment très intéressant, mais on se demande quand même quel en est l'intérêt...

Eh bien, figurez-vous que suite à cette annonce, Julian Savulescu, un transhumaniste bien connu, qui justement enseigne à Oxford, a également publié un petit papier dans lequel il fait l'apologie de cette découverte. Il y prétend que 20% de la population a un sévère problème avec les maths, et que cela ralentit l'économie de la société... et que ces gens se sentent presque handicapés par cette inaptitude mathématique. L'amélioration des capacités mathématiques est même un impératif éthique car si la technique est appliquée aux personnalités les plus douées, elles parviendront à résoudre des problèmes tels que la société ne pourra s'en porter que beaucoup mieux. Chouette programme.

jeudi 18 novembre 2010

Google et le transhumanisme

Dans un article publié récemment sur owni.fr, JCFERAUD fait état de l'annonce faite par les patrons de Google de "construire une réalité augmentée" qui rendrait plus facile le quotidien de chaque utilisateur. Google se lancerait donc dans le transhumanisme en s'attachant à améliorer les facultés de l'homme... ou à l'asservir à une compagnie et des idées particulières, selon les points de vue.

L'auteur de cet article affiche clairement son scepticisme vis-à-vis de l'idéal transhumaniste, mais sa critique se révèle un peu excessive quand on le voit tomber dans le complotisme de bas-étage fréquent sur Internet. Il en vient à crier à la manipulation idéologique, à l'eugénisme, à la bêtise humaine... ce qui discrédite son discours alors qu'il voit peut-être juste quelque part : le transhumanisme américain pue le technoprophétisme rédempteur de l'humanité. Mais toute idée d'amélioration de l'humain n'est pas mauvaise en soi, et les ambitions technologiques de Google n'ont rien à voir là-dedans.

dimanche 14 novembre 2010

Lecture : Natural-Born Cyborgs

Natural-Born Cyborgs est certainement le livre de référence de ce blog. Il a été publié en 2003 par Andy Clark, et traite du devenir humain qui devrait consister en une intégration de plus en plus grande avec la machine.

Tout commence en fait avec un article que Clark et David Chalmers ont publié ensemble et qui a pour titre "The Extended Mind" (1998). Dans cet article, les deux auteurs férus de sciences cognitives avancent une théorie de prime abord assez farfelue : l'esprit (mind) ne doit plus être pensé comme étant entièrement contenu dans le cerveau. Croire que l'esprit est tout entier confiné dans la personne, dans son cerveau, n'est qu'un vestige d'un dualisme depuis longtemps dépassé. Après la réfutation de la dichotomie corps/esprit par la science et la philosophie contemporaine (pensons à Gilbert Ryle), il faut se débarrasser de l'idée associée d'un esprit à l'intérieur de la personne humaine. Il s'étend au-delà, et la conscience aussi.

Ce livre tire et exploite toutes les conséquences de cette théorie. Le carnet de note, le GSM, l'implant cochléaire, l'ordinateur,... sont autant d'objets qui ne doivent plus être vus comme des outils, mais bien plutôt comme des prolongements de la personne elle-même (et de son esprit). Ces technologies (plus ou moins invasives) viennent s'intégrer à l'environnement de l'homme jusqu'à ne plus faire qu'un avec lui.

L'homme peut ainsi user de la technologie pour se transformer. Les cyborgs dont parlent Clark ne sont donc pas forcément des posthumains faits de mécanique et de fils ; au contraire, l'homme depuis la préhistoire est un cyborg. La nature même de l'homme est de s'autoprogrammer, de s'inventer et de se modifier à l'aide de la technique.

De longues pages de ce livre sont consacrées à toutes les possibilités nouvelles qui s'offriront à l'homme dans un futur proche, mais on appréciera surtout que l'auteur, en bon philosophe, n'omet pas de consacrer un chapitre entier aux risques liés à l'utilisation de telles technologies et à ses enjeux éthiques. Il pointe neuf problèmes particuliers : l'inégalité, la vie privée, le déficit d'autonomie, le caractère chronophage de toute technologie, l'aliénation, le repli sur soi, la tromperie, la fiabilité des informations, la désincarnation.

jeudi 11 novembre 2010

Technologie à emporter


Dans cette vidéo d'Euronews, un journaliste nous apprend que des micro-ordinateurs intégrés à nos vêtements pourront bientôt récolter des informations sur notre état de santé, en analysant la transpiration (la salive ou les larmes) que nous émettons. Il est vrai que ces technologies sont surtout et d'abord utiles dans le domaine du sport, mais rien n'empêche de penser que, par la suite, des applications utiles au plus grand nombre puissent également voir le jour. Ce type de technologie est connue sous le nom de Wearable computing.

La deuxième partie du reportage est consacrée au contrôle d'un ordinateur par des gestes ordinaires. Le but est de rendre la manipulation d'un ordinateur plus transparente et intuitive.

lundi 8 novembre 2010

Lecture : Bioéthique et liberté

Ce petit livre est l'entretien, réalisé par Christian Godin, de deux philosophes aux idées opposées en matière de philosophie de la technique. Le premier, Axel Kahn, est un philosophe prudent. Il considère grosso modo que la recherche scientifique doit recevoir des bornes, sous peine de devenir inhumaine. La science doit respecter quelques principes et valeurs fondamentaux. Le second, Dominique Lecourt, est plutôt de l'espèce des enthousiastes. Il estime qu'il ne faut pas freiner la recherche, et que l'homme doit utiliser la science pour se réinventer en permanence.

La lecture de ce livre est vraiment agréable car les deux protagonistes s'expriment dans un langage clair et sans langue de bois. Ils s'attachent aussi à éclairer leurs différences, sans jamais se défiler face à un argument adverse particulièrement fort.

Christian Godin pose successivement quatre questions :
  1. Qu'est-ce que l'humanisme ?
  2. La biologie contemporaine est-elle encore humaniste ?
  3. Y a-t-il une posthumanité à venir ?
  4. Quelle est la fonction de la bioéthique dans la société d'aujourd'hui ?
Cela nous intéresse ici, parce qu'il est question des limites de la science et de la condition humaine. Tandis que Lecourt s'attache à montrer que l'homme construit ses propres valeurs, sélectionne ses préférences éthiques, Kahn essaie de faire ressortir une spécificité humaine, un dénominateur commun à tous les hommes. Il ne parle pas de nature humaine, ou de dignité humaine. Pour lui, la spécificité humaine est le sentiment d'être le sujet de sa vie. C'est donc la liberté et la responsabilité qui doivent être les principes fondamentaux auxquels la science ne peut pas toucher. Il faut préserver l'autre, et son aspiration à la liberté (et donc rejeter le clonage, la sélection du sexe de l'enfant à naître...).

Lecourt, lui, insiste plutôt, sans être un prophète technoscientifique, sur l'importance de la technique et prétend qu'elle n'est pas à craindre (du moment qu'elle ne menace pas directement autrui). Il réfute les objections de Kahn. L'homme peut modeler son corps à sa guise, et même intervenir sur le génome de ses enfants. Pour lui, l'homme ne deviendra jamais "post-humain", sa seule nature étant, pour toujours, puissance de dépassement.

vendredi 5 novembre 2010

Une rétine artificielle contre la cessité

On parle ces temps-ci d'une nouvelle génération d'implants rétiniens qui permettent à des aveugles de voir ! Faut-il y voir une preuve que l'avenir de l'être humain est dans un surcroît d'intimité avec la technologie ?

Le Figaro - Sciences : Une rétine artificielle contre la cessité

Mise-à-jour (10 novembre 2010) :
Voici une vidéo d'Euronews sur le même sujet :

mercredi 3 novembre 2010

Cyborg

La philosophie du cyborg, ça existe ? Eh bien, il semblerait que oui !

La philosophie du cyborg consiste en une réflexion autour de la notion de cyborg (eh oui !), cet homme-machine qui fait peur dans les films à sensation (à ne pas confondre avec l'androïde ou la chimère). On pourrait penser que cette discipline est plus proche de la futurologie, ou de la bêtise humaine, que d'un discours raisonnable et argumenté. Mais ce n'est pas tout à fait juste.

Nous le montrerons tout au long de ce blog, les cyborgs ne sont peut-être pas aussi lointain qu'on veut bien l'admettre. Il en existe d'ailleurs peut-être déjà (pensons à toute sorte de prothèses cérébrales), et il est bon de pouvoir réfléchir sur les implications philosophiques et éthiques de telles manipulations de l'être vivant.

D'un autre côté, la philosophie du cyborg propose de changer notre pratique de la philosophie, en pensant à longue échéance et en abolissant le clivage entre activités symboliques et activités techniques (qui fera l'objet d'un prochain billet). Elle s'accorde évidemment avec la science-fiction, et ouvre la voie à la prospection (qui n'est pas forcément synonyme d'affabulation). Enfin, et c'est à mon avis son plus grand intérêt, la philosophie du cyborg introduit une rupture nette avec la philosophie classique qui soumet l'homme à la nature (ou même à Dieu). Elle met un accent fort sur l'importance de l'action de l'homme, sur ses différents et contradictoires désirs, sur sa volonté de n'être réductible à aucune catégorie, et donc sur sa propension à chercher le changement pour le changement, et à façonner son propre être.

lundi 1 novembre 2010

Stelarc met le corps à l'épreuve

Peut-être avez-vous déjà entendu parler de Stelarc ? Stelarc est le pseudonyme d'un de ses artistes ultra-contemporains qui met en question le corps humain, en recourant à des procédés pour le moins non-conventionnels.

En effet, Stelarc n'hésite pas à donner de sa propre personne dans des performances artistiques, parfois un peu effrayantes (il faut bien le dire). Tantôt il dirige un bras mécanique avec les muscles des abdominaux et des cuisses, tantôt il se déplace à l'aide d'un exosquelette, tantôt il se fait carrément greffer une troisième oreille sur l'avant-bras.

Le corps nous est-il donné une fois pour toute ? Pouvons-nous le modifier à notre guise ? Pourrait-on généraliser ce type de pratiques ? Qu'est-ce que cela vous inspire ?


Ci-dessus la vidéo d'une performance de l'artiste, où celui-ci dirige un robot-araignée sur lequel il est logé, grâce aux impulsions électriques des muscles de son abdomen. Vous pouvez en voir plus directement sur son site internet.