samedi 26 février 2011

Sélection de liens

mercredi 23 février 2011

Schopenhauer en transhumaniste

Schopenhauer (1788-1860) est un grand transhumaniste, selon certains. Ah bon ? Ben oui.

Il serait transhumaniste dans la mesure où il souligne les aspects négatifs de la condition humaine, et appelle à les dépasser en cessant d'être conscient et en s'immergeant dans la musique, l'art et d'autres objets intellectuels.

Comme le dirait Whitehead, l'humanité évolue d'autant plus qu'elle peut effectuer un grand nombre d'opérations sans y penser. Autrement dit, moins nous sommes (pré)occupés par nos activités quotidiennes, moins nous sommes esclaves des bassesses de la vie.

Pas convaincu.

Et la conclusion de l'article me fait rire, allez savoir pourquoi !
I would say anyone who recognises the frailty of the human condition, and the necessity of escape, can be counted a transhumanist.  Schopenhauer could not have dreamed of the emerging technologies that grant us the possibility of escape, so Schopenhauer advocated an ascetic life dedicated to the arts.  Perhaps we can do better.

dimanche 20 février 2011

Rationally Speaking: A new eugenics?

Dans l'article que je vais citer aujourd'hui, Massimo Pigliucci, le sceptique américain, traite de l'éugénisme à la suite d'un article de Savulescu (partisan du transhumanisme) où celui-ci aborde un récent problème posé en Allemagne, l'analyse génétique des embryons afin de vérifier s'ils ne portent pas de maladies invalidantes. Pour Savulescu, comme pour Pigliucci, cela ne pose aucun problème lorsqu'il s'agit d'un choix individuel (des parents, et non de l'Etat) afin d'éviter un grave handicap dans la vie du futur enfant.

Mais Pigliucci se désolidarise de Savulescu lorsque celui-ci met sur un même pied d'égalité, sous le prétexte de la libre procréation, le fait de choisir les caractéristiques d'un enfant telles que la couleur de ses cheveux, de ses yeux, sa taille... Car ce serait traiter l'enfant en question seulement comme un objet et non plus aussi comme une fin. Veut-on réellement que nos enfants soient traités comme de la marchandise ? De plus, ce n'est qu'un moyen pour des personnes privilégiées de conforter leur place dans la société et d'augmenter l'écart entre elles et des personnes plus vulnérables.

jeudi 17 février 2011

Mutilation

Les avis à propos du transhumanisme sont généralement partagés entre deux sentiments contradictoires. Il y a d'une part ceux qui se méfient, qui demandent des garanties, qui sont prêts à tout moment à brandir le principe de précaution pour imposer un oratoire à toute entreprise d'amélioration de l'humain. Il y a d'autre part les enthousiastes qui seront les premiers à vouloir bénéficier des avantages que pourraient leur offrir telle ou telle nouvelle technologie. Ce sont les bioconservateurs ou luddite, et les technophiles.

Cette dichotomie se retrouve parfois sur le plan politique entre conservateurs (catholiques, protestants, musulmans...) et libertariens (toutes libertés aux individus), et sur le plan philosophique entre les auteurs continentaux "savants" et les anglosaxons "sérieux". C'est un peu schématique, mais les positions défendues sont elles-mêmes parfois fort caricaturales.

Pour ma part, j'essaierai de me penser à distance de ses voies déjà bien tracées. Je me demande si toutes les modifications qu'on veut faire subir à l'homme servent vraiment à son émancipation, si l'amélioration miraculeuse attendue n'est pas un prétexte pour la technique de se rendre plus manifeste à nos yeux. La modification cognitive, les implants sous-cutanés et cérébraux, la neuroamélioration et le reste, n'est-ce pas autant de façons d'imposer à un corps humain quelque mutilation ?

Cette mutilation imposée du corps humain au corps posthumain ne concrétiserait-elle pas l'abjection que constitue au regard de l'humain bien humain une société par trop aseptisée ?

La société contemporaine occidentale est, je ne suis bien sûr pas le premier à le dire, une société qui masque le terme qu'est la mort et l'érige en tabou. Nous cachons nos vieux, nous cachons nos mourants comme s'ils étaient autant de menace à la stabilité sociale ; mais quelle est cette stabilité sociale illusoire qui se cache à elle-même son propre destin, sa propre réalité ? Le credo "meurt à l'ombre" n'est pas le seul indicateur de cette société aseptisée. Quelle nécessité de délivrer des médicaments dans une boutique tout de blanc vêtu ? Pourquoi l'Etat lui-même tient-il à se faire le garant de la santé publique en apposant "Fumer tue" au bas des paquets de cigarette ? N'est-ce pas là un crime de stupidité ? Fumer nuit gravement à la santé, c'est un fait et il faut le savoir, mais je ne vois pas pourquoi je serais tenté d'arrêter la cigarette (et donc intimidé par cette étiquette) si je n'accorde aucune importance à la santé ou à ma santé. Or pourquoi faut-il être en bonne santé ? Cette question pourrait sembler inepte à qui se complait dans le bonheur béat ou l'indifférence du quotidien. Mais à l'homme qui souffre quotidiennement de sa présence au monde, qu'il souffre par misanthropie ou par excès d'empathie, l'homme qui s'indigne, l'homme qui se bat pour des idées, cet homme-là qu'on retrouve dans de nombreux fumeurs ou alcooliques n'a que faire de sa santé. Ou, tout du moins, s'il s'en inquiète, cela ne l'empêche pas de diminuer légèrement son espérance de vie par une dernière clope ou un dernier verre.

L'institution du soin et l'Etat conspirent à nous faire adopter une conception naïve de la vie, où chacun doit se confirmer à la vie bonne et sage de ce que la majorité considère comme avantageux. C'est cela que met en relief le transhumanisme. Il veut nous faire prendre conscience, en témoignant par l'absurde, avec son idéal de bonheur mielleux et ses mélanges d'hommes et de machines, que l'aseptisation de la société est insupportable. C'est un témoignage rageur et militant contre les prétentions et les déguisements médicaux.

La médecine soigne ? La pharmaceutique guérit ? Peut-être, mais à quel prix humain ? Ces médecins qui perçoivent des honoraires mirobolants, ces hôpitaux au séjour coûteux, est-ce cela la philanthropie ? Une guérison en échange... ou pas. Des inconvénients, des effets secondaires, des interdictions, des erreurs, des négligences... Et puis on vient vous parler de consentement éclairé, d'éthique de la recherche, de tous ces bons mots. Un homme humble, un vrai, ne pourrait supporter sa compagnie et celle des autres à l'éternité. Il est là pour éroder, et être érodé. Il est tout entier "être-à-l'érosion".

Le transhumanisme est une rébellion dans laquelle les soldats proclament l'imbécilité de leur cause en s'y livrant corps et âmes, jusqu'à la mutilation et jusqu'à la perte. Il s'agit de mon corps, je veux le sentir, en prendre possession, j'assumerai mon autonomie contre la médecine, contre la technologie invasive et chronophage, contre l'autosatisfaction et l'autarcie intellectuelle de la société, jusqu'au point ultime du suicide.

lundi 14 février 2011

La question de la nature humaine

Je suis tombé l'autre jour sur un chouette petit article du blog sceptique et philosophique québécois Feel O'Zof. Brièvement, celui-ci aborde la question du posthumain. Souvent, la question qui hante le plus les traités sur le transhumanisme est de savoir où commence l'homme et où il finit, si l'humain augmenté est une nouvelle espèce, ou s'il est conforme à la dignité humaine de se compromettre de la sorte avec des appareils techniques. Feel O'Zof récuse à juste titre cette notion de nature humaine, du propre de l'homme. Il n'y voit que des critères identitaires aliénants. De plus, il ne voit pas pourquoi un non-humain aurait moins de droit qu'un "humain". Ne reconnaissons-nous pas de plus en plus souvent également des droits aux animaux, par exemple ? Reste des questions pressantes comme la réceptivité à l'égard de la douleur, la conscience, la faculté de communication, et le statut juridique de tels êtres hybrides.

vendredi 11 février 2011

Owni, toujours

Décidément le site d'information en ligne branché, OWNI.fr, se veut l'équivalent de ses homologues anglosaxons (Wired, Discover...). Il traite des nouvelles technologies, est à la pointe des nouvelles préoccupations du Web (identité numérique, cybercitoyen...) et revient en fait très souvent sur les problématiques de l'homme augmenté.

Le nouvel article qu'ils ont publié à ce sujet traite de la possibilité de copier le contenu d'un cerveau humain, c'est-à-dire une personne (avec ses sentiments, ses souvenirs...) sur le disque dur d'un ordinateur dans le but d'atteindre... la vie éternelle !

L'article se base sur le projet d'un employé de Microsoft qui a consigné, à partir de 1998, tout ce qu'il faisait ou voyait sur un disque dur, et qui en a fait un livre (Total Recall). Il est un peu sarcastique car, en effet, "Qui n’a pas expérimenté l’impression de passer à côté de l’instant à force de trop vouloir le capturer en photo ou vidéo ?"

mardi 8 février 2011

Après Deep Blue, voici Watson

Il y a déjà un moment que je désirais parler du nouveau projet en Intelligence artificielle de la firme IBM. Après les exploits de Deep Blue contre le joueur d'échec Garry Kasparov, les ingénieurs d'IBM ont voulu aller encore plus loin. Ils reviennent aujourd'hui avec un nouveau défi : construire une machine qui puisse comprendre des questions énoncées par l'animateur du jeu télévisé Jeopardy!, et trouver la bonne réponse plus rapidement que ses concurrents humains ! Cette nouvelle machine porte le doux nom de "Watson".

Plutôt qu'un long discours, voici une petite vidéo :

vendredi 4 février 2011

We are all cyborgs

Il n'y a pas si longtemps une nouvelle vidéo des conférences TED a été publiée. Il s'agit d'un speach d'Amber Case qui a pour thème "Nous sommes tous des cyborgs". Cela n'est pas sans rappeler le livre d'Andy Clark dont j'ai déjà parlé.

La présentation est courte, mais sympathique quoiqu'on puisse ne pas être d'accord avec l'argumentation sommaire développée en si peu de temps.

mardi 1 février 2011

Sélection de liens

  • La Science Gallery de Dublin lance un appel à projet, pour une future exposition, sur le thème de l'amélioration de l'homme. L'exposition HUMAN+ The Future Of Our Species... aura lieu du 24 avril 2011 au 24 juin 2011.
  • La revue Futuribles publie dans son numéro 370 de janvier 2011 un court dossier consacré au transhumanisme. Il est ici abordé dans une perspective critique par Michèle Robitaille. La consultation de la revue est apparemment payante, mais un autre article du même auteur peut être consulté gratuitement depuis la revue Interrogations, dans le numéro 7 consacré au corps posthumain.
  •  Petit article, court et rafraichissant sur le transhumanisme
  • L'Université Jean Moulin Lyon 3 organise un cycle de séminaire sur le corps posthumain. L'intitulé des conférences est alléchant. L'évènement se déroulera le vendredi 4 février de 10h à 14h.