mercredi 15 décembre 2010

Brève histoire du post-humain

Cet article est inspiré de MAESTRUTTI M., "Posthumain. Une anthropo-philosophie de la technologie", in Dictionnaire des risques, DUPONT Y., et al. [eds.], Paris, Armand Colin, 2007. Nous utilisons également LECOURT D., Humain, posthumain, Paris, PUF, 2003.

Le posthumanisme cherche à revoir complètement la définition habituelle de l'humain, dans son statut ontologique comme dans son identité par exemple. Des artistes tels que Stelarc, Orlan, Matthew Barney ou encore David Cronenberg illustrent bien cette interrogation autour de l'homme, de la frontière entre les genres, entre les humains et les animaux, entre les corps et les machines.

Le précurseur en la matière est sans doute le critique d'art américain Jeff Deitch qui organisa en 1992 une exposition intitulée Post-human.

Le thème du posthumain, d'un point de vue philosophique, émerge en opposition à l'anthropocentrisme et à l'humanisme ambiant. Les valeurs de la modernité sont délaissées au profit de la postmodernité. Il insiste d'autre part sur l'importance des technosciences et sur l'antériorité ontologique de la technique sur l'homme. Les philosophes de référence pour les tenants du posthumanisme sont Foucault, Deleuze, Haraway...

Il existe plusieurs branches au sein de la "philosophie" posthumaniste. Certains prônent l'émancipation de l'intelligence hors du corps de l'homme. Son esprit serait alors stocké sur des matériaux mieux adaptés, ou il serait progressivement remplacé par des machines pensantes bien plus performantes que lui (Moravec, Minsky, Kurzweil, Hayles). D'autres, les transhumanistes, voient le monde comme s'approchant inéluctablement d'une plus grande maitrise technologique qui aboutirait à la possibilité, pour l'homme, de s'améliorer jusqu'à la perfection et l'immortalité (Esfandiary, More, Vita-More, Bostrom, Pearce). D'autres encore voient le corps comme un élément-clé de l'humain, jouant un rôle important dans sa conscience par exemple, et estiment harmonieuse une future intégration de l'homme à la machine sans que l'un éclipse jamais l'autre (Clark).

Aucun commentaire: